Face à des contraintes budgétaires croissantes et à une demande de services toujours plus exigeante, les administrations publiques cherchent à réinventer leur modèle de productivité. Une étude récente réalisée par The Economist pour SAS met en lumière le rôle crucial que joue l'IA dans cette transformation. Toutefois, si la technologie est un levier puissant, elle ne peut être efficace sans une évolution culturelle et organisationnelle significative.

L'IA, un catalyseur de modernisation

Selon le rapport intitulé "Reimagining the Future of Public Sector Productivity", basé sur les réponses de 1 550 employés du secteur public de 26 pays, plus de la moitié des administrations publiques compte sur l'IA pour stimuler leur productivité dans les trois prochaines années.

Elles intègrent progressivement l'IA pour optimiser leurs opérations. Parmi les cas d'usage les plus répandus figurent les analyses prédictives (66 % des répondants), qui permettent une meilleure anticipation des besoins et une allocation plus efficace des ressources. La cybersécurité et la prévention des fraudes (54 %) deviennent des priorités, alors que les menaces numériques se multiplient.

Cependant, l'étude souligne que l'adoption de l'IA reste prudente : 70 % des administrations publiques n'intègrent de nouvelles technologies qu'après validation de leur efficacité ailleurs. Ce conservatisme traduit une volonté de minimiser les risques, mais peut ralentir l'innovation.

Les défis budgétaires et technologiques

Les administrations publiques disposent de budgets limités et ne peuvent donc pas toujours gérer de nouvelles technologies. Les questions relatives à la confidentialité des données (75 %) et les contraintes budgétaires (64 %) sont considérées comme des défis majeurs à une adoption réussie. En outre, 47 % des répondants citent l'incapacité à mesurer la productivité comme un frein.

Néanmoins, bien que les participants à l'enquête reconnaissent ces obstacles, une écrasante majorité d'entre eux (91 %) considère que les technologies digitales présentent plus d'avantages que de risques pour leur organisation.

Une transformation qui ne peut être uniquement technologique

L'IA seule ne saurait suffire à améliorer durablement la productivité du secteur public. L'étude insiste sur la nécessité d'une transformation organisationnelle parallèle. Une conception adaptative des structures et un engagement actif des employés sont des facteurs déterminants. Pourtant, plus d'un quart des administrations interrogées n'ont encore initié aucun projet en ce sens.

L'implication des agents est un enjeu majeur : seuls 15 % des employés du secteur public interrogés participent activement à l'évaluation des besoins en technologies, 14 % au choix des outils et 36 % à leur implémentation. Pour que l'IA révèle pleinement son potentiel, il est crucial d'accroître la formation et l'adhésion des collaborateurs.

L'importance des partenariats stratégiques

L'étude met également en avant le rôle des partenariats avec des fournisseurs technologiques. Près de la moitié des répondants (49 %) considère l'externalisation comme un moyen efficace d'améliorer la productivité. Toutefois, cette stratégie doit s'accompagner d'une gouvernance rigoureuse pour assurer une compatibilité avec les objectifs de service public et une gestion efficace des coûts.

Vers un modèle de productivité plus agile

L'évolution du secteur public vers un modèle plus performant repose sur un équilibre entre innovation technologique, transformation organisationnelle et implication des employés. Si l'IA représente une opportunité indéniable, son intégration réussie dépendra de la capacité des administrations à moderniser leur culture interne et à adopter des stratégies d'implémentation plus audacieuses.

Jonathan Birdwell, directeur de la politique et des perspectives chez Economist Impact, conclut :

"Face à des contraintes budgétaires et à une demande croissante de services publics pour répondre à des défis complexes tels que le vieillissement de la population, le changement climatique et l’incertitude économique, les gouvernements doivent agir de manière décisive pour mettre en œuvre des réformes de productivité. Par exemple, la réponse budgétaire à la pandémie de Covid-19 dans certains pays à haut revenu s’est élevée à 21 % du PIB, soulignant le rôle crucial de l’intervention gouvernementale en période de crise.

Notre recherche montre que si la transformation numérique est essentielle, elle ne suffit pas à elle seule. Le succès repose sur des structures organisationnelles adaptatives capables de surmonter la résistance au changement et d’impliquer les employés dans la conception et la mise en œuvre des nouvelles technologies. L’intelligence artificielle offre au secteur public l’opportunité de transformer la manière dont il sert les citoyens et d’améliorer l’expérience des employés."