DeepSeek, suspendu temporairement en Corée du Sud, aurait bien transféré des données personnelles sans consentement

Sorti en janvier dernier, DeepSeek R1 a rapidement secoué la Silicon Valley et l'écosystème d'IA dont Nvidia, de par ses performances et son moindre coût. Le chatbot qu'il alimente a été massivement téléchargé mais très vite des préoccupations sur la confidentialité des données de ses utilisateurs ont été soulevées, notamment en Corée du Sud. 

Dès fin janvier, face aux incertitudes sur la collecte et l'utilisation des données personnelles des utilisateurs, la Commission de protection des informations personnelles coréenne (PIPC) a demandé des explications à DeepSeek, qui a d'ailleurs reconnu "certains manquements" dans sa gestion des données. La Commission a donc décidé le mois suivant de retirer le chatbot des boutiques d’applications locales, ceux qui l'utilisaient déjà étant invités à le faire avec prudence.

Cette suspension temporaire visait à examiner en profondeur les pratiques de l’entreprise et à s’assurer qu’elles respectaient les lois du pays sur la protection des données. Le régulateur sud-coréen a déclaré le 24 avril dernier que son enquête avait confirmé que DeepSeek avait en effet transféré des informations personnelles d'utilisateurs sud-coréens vers des entreprises en Chine et aux États-Unis sans leur consentement préalable. 

Ces données comprenaient des contenus saisis dans les invites de l'IA, des informations sur les appareils, les réseaux et les applications. La PIPC a donc recommandé des mesures correctives, notamment la suppression des données transférées et l'établissement d'un cadre juridique pour tout transfert futur de données personnelles à l'étranger. Le retour de l’application sur les boutiques sud-coréennes dépendra de la mise en conformité effective avec ces exigences.

L'adoption de DeepSeek-R1 en Chine a été fulgurante, bénéficiant d'un soutien appuyé des autorités. Pékin a activement encouragé son intégration dans des secteurs clés tels que la justice, la cybersécurité et l'administration publique.

De son côté, l’industrie automobile n’est pas en reste : plus de 20 constructeurs chinois ont exprimé leur intention d’intégrer DeepSeek-R1 dans leurs futurs modèles. Lors du dernier salon de l’automobile de Shanghai, BMW a, lui aussi, annoncé son intention d'incorporer des modèles d’IA DeepSeek à l'assistant intelligent de ses véhicules vendus en Chine.

Alors que DeepSeek a lancé discrètement le mois dernier DeepSeek-V3-0324, une mise à jour de son modèle open source éponyme DeepSeek-V3, les rumeurs sur la prochaine disponibilité de R2 vont bon train.

Selon certaines sources, la start-up, régulièrement soupçonnée par ses détracteurs d'avoir contourné les restrictions américaines pour constituer des stocks de puces NVIDIA, aurait cette fois utilisé des alternatives locales pour l'entraînement de son nouveau modèle : les Ascend 910B de Huawei, qui atteindraient environ 91 % de l'efficacité des GPU A100 utilisés pour les modèles précédents.

Ce prochain modèle devrait voir son support multilingue étendu, avec une meilleure prise en charge des langues asiatiques et européennes. De plus, des capacités multimodales sont évoquées, permettant au modèle de traiter texte, images, audio et vidéo, ce qui ouvrirait la voie à de nouvelles applications dans les domaines de la création de contenu et de l'analyse de données.

Si ces informations se confirment, DeepSeek pourrait une nouvelle fois venir bousculer l'équilibre du marché...